josephine & thiago #1

Thiago était en retard pour son rendez-vous dans de ce matin. C’était entièrement de sa faute, il avait un peu trop dormi parce qu’il était sorti hier et il y avait plus de circulation que prévu. Maintenant qu’il était arrivé sur les lieux, il avait un mal fou à trouver une place pour se garer. Il ne comprenait pas pourquoi les gens s’acharnaient à prendre leur voiture dans une ville aussi bien desservie par les transports en commun que New-York. Pourquoi n’était-il pas le seul à avoir le droit de conduire sa voiture ? Il finit par se poser dans un endroit où par miracle il y avait une place et courut pour être le moins en retard possible.

Un peu plus d’une heure plus tard, il marchait pour reprendre sa voiture. Son rendez-vous s’était bien passé. Son agent avait l’air de penser qu’il aurait ce nouveau contrat pour une pub et Thiago ne pouvait que s’en réjouir. Il ne tarda pas à arriver près de sa voiture et eu la surprise de distinguer une forme près de sa voiture. En s’approchant davantage, il put voit que cette forme était en fait une fille et qu’elle était assise sur le capot de sa voiture. “Hmm bonjour.” fit-il en arrivant à sa hauteur. “Je n’étais pas au courant que ma voiture était le nouveau banc du quartier.” Et il ne souhaitait pas qu’elle le soit en fait. “Elle est neuve donc si vous pouviez éviter de l’abîmer…”

La matinée s’était finalement bien passé. Même s’il avait un peu manqué son réveil, Thiago avait réussi à trouver une place et arriver à son rendez-vous ainsi qu’à possiblement décrocher un contrat. Le jeune homme était donc d’excellente humeur et peu de choses pourraient ternir cela. Même de voir quelqu’un assis sur sa toute nouvelle voiture ne l’agaça pas outre mesure et il prit ça un peu sur le ton de la plaisanterie, du moment qu’elle ne l’abimait pas. Le seul problème c’était que la fille actuellement assise sur sa voiture n’avait pas l’air de plaisanter. Et, au contraire de Thiago, elle avait l’air de très mauvaise humeur, ce qui ne l’autorisait pas à se montrer désagréable pour autant. “Hmm, je suis désolé j’imagine, je n’avais pas vu.” répondit-il d’abord. Car c’était la vérité, il était pressé et n’avait pas fait attention au fait que si cette place était miraculeusement libre c’était parce que ce n’était pas une place. S’il était désolé, il n’appréciait pas pour autant de se faire parler comme à un chien. “Par contre, je me demande aussi si quelqu’un vous a appris les règles de respect, ça vous arrive souvent d’incendier des inconnus pour une petite erreur ?” Parce que franchement ça ne devait pas faire bien longtemps qu’elle était bloquée là, il n’avait pas été absent des heures non plus. “Ca aide rarement à obtenir ce qu’on veut ce comportement vous savez.”

Elle avait rarement été aussi en colère. C’était peut-être parce qu’elle était extrêmement fatiguée et qu’elle avait encore tout un tas de choses à faire avant de pouvoir retrouver son lit, mais elle était particulièrement sur les nerfs. L’attitude de son interlocuteur ne l’aidait pas non plus à redescendre en pression, il avait l’air de prendre les choses avec tant de désinvolture… Elle savait qu’elle exagérait parfois et qu’elle n’était pas la personne la plus facile à vivre, mais il abusait, non ? C’était une simple règle de savoir-vivre. Rien de trop compliqué à suivre en théorie, mais pour certaines personnes c’était le bout du monde. Ses excuses semblaient sincères cela dit, et Josephine commença légèrement à regretter de s’être emportée comme elle l’avait fait. Mais seulement légèrement. Elle était encore beaucoup trop sur les nerfs pour faire plus d’efforts. “Une petite erreur ? J’ai bien entendu ?” Voilà qu’il l’avait relancée. Le fait qu’il agisse comme s’il n’avait rien fait de mal était pire que tout pour elle. “Et si vous aviez bloqué quelqu’un qui devait sortir pour une urgence vitale ? Et même sans ça, beaucoup de gens sont occupés dans cette ville, on est à New York quand même. C’est juste égoïste de faire perdre du temps aux gens alors que la vie est courte et que le temps est précieux. Mais j’imagine que quand on a ce genre de voiture, on a du temps à perdre.” Elle qui pensait pouvoir réussir à se calmer avant de pouvoir voir son fils, c’était très mal parti. “Je ne devrais même pas avoir à demander pour obtenir ce que je veux, là. Vous n’auriez jamais dû vous trouver là, point.” Il se serait évité une belle scène, il s’était fait autant de mal qu’il lui en avait fait à elle. Enfin, elle avait perdu assez de temps comme ça donc elle décida de descendre de la voiture. “J’espère juste que vous ne recommencerez plus à l’avenir.”

En retournant à sa voiture, Thiago se rendit compte qu’il s’était trompé en se garant et que la place qu’il avait cru libre n’était en fait pas une place. C’était une erreur d’inattention et il en était désolé mais la fille assise sur sa voiture en faisait toute une histoire. Apparemment, madame était parfaite et elle ne faisait jamais d’erreur. Du coup, maintenant elle l’incendiait sous prétexte que s’il y avait eu une urgence vitale son erreur était grave. “Oh, il faut se calmer là.” commença-t-il par dire en soupirant. Bizarrement, il n’était pas sûr que lui dire de se calmer allait pour autant la calmer, elle avait l’air un peu à cran mais bon, il essayait. “S’il y avait eu une urgence vitale vous auriez pu prendre un taxi, ou appeler une ambulance si c’était si vital que ça.” Donc, il n’y aurait pas eu de problèmes et elle faisait des histoires pour rien. “Et je ne vois pas en quoi ma voiture veut dire que j’ai du temps à perdre.” Mais qui elle était elle pour le juger sur sa voiture déjà ? Thiago ne l’avait pas vu très longtemps mais il pouvait d’ores et déjà affirmer qu’il ne l’aimait pas beaucoup. D’ailleurs, en la voyant lui faire la leçon comme à un gamin, sa seule envie était de la contrarier davantage. “Promis, à l’avenir je vais faire attention.” dit-il sur un ton ironique. “En attendant, j’ai encore une course à faire j’avais oublié. Vous n’êtes plus à cinq minutes près.”

Les choses avaient très vite escaladé. Tout était devenu hors de contrôle une fois que Joséphine avait pris la mouche. L’autre l’avait bien cherché aussi, et il ne lui avait pas fallu grand-chose pour qu’elle démarre au quart de tour. C’était vrai en temps normal, mais encore plus aujourd’hui. Les circonstances étaient beaucoup défavorables pour avoir une Josephine clémente. Ce qui l’énervait le plus, c’était sans aucun doute le fait qu’il ne veuille pas reconnaître son erreur. Qu’il rejette la faute sur elle alors qu’elle n’avait absolument rien demandé. Elle voulait bien admettre qu’elle avait un peu exagéré au départ mais c’était lui qui continuait. Alors certes, elle n’était plus une enfant, mais ils étaient tous les deux adultes et elle ne voyait pas pourquoi elle aurait dû être la seule à faire des efforts. Elle voyait bien qu’il commençait à bouillonner lui aussi Elle ne prit même pas la peine de répondre à ce qu’il venait de lui dire, elle savait très bien que si elle commençait à lui répondre ils en auraient pour un moment vu qu’il ne voudrait jamais voir la vérité en face. Elle l’avait déjà bien cerné. Et voilà qu’il repartait, sans toucher à sa voiture. Quel gamin. L’idée de lui rayer sa voiture lui traversa vaguement l’esprit mais elle se ravisa très vite. Peu importe à quel point elle était en colère, elle ne pourrait jamais se permettre de faire une telle chose. Elle se mit donc à le suivre. “Vu que je suis coincée ici, vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que je vous suive alors. On va où ?” Elle sortit tout de même son téléphone pour envoyer un message à sa belle-mère, la prévenant qu’elle aurait un peu de retard.

Thiago n’appréciait vraiment pas la manière dont la jeune femme lui parlait depuis qu’il était revenu à sa voiture. Certes, il était légèrement en tort à la base, il aurait sûrement dû faire un peu plus attention et ce même s’il était pressé. Mais tout de même, ce n’était pas une raison pour l’engueuler et le juger comme ça. Elle exagérait vraiment. Et comme Thiago était encore comme un enfant, il décida qu’il ne bougerait pas sa voiture tout de suite, juste pour la provoquer. Il avait une course à faire. Dans un sens, c’était vrai, il avait bien des courses à faire et plus rien à manger chez lui mais il ne savait pas tellement où il allait pouvoir trouver ce qu’il voulait par là. Ce n’était pas un quartier qu’il connaissait bien. Tant pis, il ferait comme s’il savait où il allait pour lui donner une bonne leçon. Il ferait juste un petit tour et reviendrait dans une dizaine de minutes, ça lui ferait les pieds. Elle sembla néanmoins en avoir décidé autrement puisqu’elle décida de le suivre. “Je vous croyais pressée ? Prenez donc les transports en commun comme tout le monde.” Après, elle allait encore se plaindre de lui derrière. C’était trop facile. “Mais non, ça ne me dérange pas, venez donc, j’allais…” Il regarda rapidement autour de lui et indiqua une direction au hasard. “Par là.” Il espérait trouver quelque chose dans ce coin.