irina & nick #1

Irina poussa un soupir ennuyé. Il ne fallait pas croire que ça l’amusait de toujours devoir rappeler les gens à l’ordre et les menacer. Elle aurait aimé avoir plus de temps pour s’amuser comme toutes les imbéciles qui se tenaient dans cette boîte mais les gens stupides qui s'obstinait à contourner les règles l’en empêchait. C’était le cas du type qui se tenait devant elle et qu’elle avait facilement attirer à l’arrière de la boîte en usant de ses charmes. Il devait beaucoup trop d’argent à son frère et s’il s’était contenté de régler sa dette quand il l’avait fallu, elle n’aurait pas eu à faire la rabat-joie ce soir. Il avait de la chance, c’était un premier avertissement et il y avait trop de monde dans le coin pour qu’elle lui fasse vraiment, il s’en tirait donc avec une toute petite blessure à la main qui l’empêcherait sûrement de jouer un peu (monsieur était musicien) mais sa famille irait bien. Alors qu’elle le laissait partir gentiment, la porte qui donnait sur l’extérieur claqua et Irina sursauta. Elle avait été trop négligente, quelqu’un avait dû la voir. Elle hésita à se venger sur la personne devant elle mais elle décida finalement que retrouver le témoin passait avant.

Ce n’était néanmoins pas une mince affaire dans une boîte de nuit et il suffit qu’elle rerentre pour réaliser que ça n’arriverait pas. Elle ne craignait probablement pas grand-chose, tous les gens ici avaient abusé de l’alcool et autres substances illicites et le musicien n’irait pas se la ramener mais elle préférait quand même couvrir ses arrières. C’est pour ça qu’elle aborda la première personne qu’il lui sembla un tant soit peu fréquentable. “Si jamais on te demande, on a passé toute la soirée ensemble.” lui dit-elle en guise de bonjour en insistant bien sur le mot toute. “Et maintenant serait le moment idéal pour m’offrir à boire.”

Jamais Nick n’aurait cru que la soirée prendrait une telle tournure. En même temps, il n’avait pas une grande expérience dans ce domaine alors c’était peut-être quelque chose qui arrivait souvent. Quoi qu’il en soit, aucun de ses amis ne lui avait jamais dit qu’une telle chose leur était arrivée. Il n’était pas très à l’aise en tout cas, et il aurait préféré que cela tombe sur quelqu’un d’autre. Il y avait tellement d’autres types ici que ça avait été un miracle que ce soit lui qui se fasse remarquer en premier. Il jouerait peut-être à la loterie en sortant du coup. Mais avant il devait réussir à se débarrasser de la jeune femme étrange qui se tenait toujours à ses côtés. A ce qu’il avait compris, il devait prétendre avoir été avec elle toute la soirée. Elle n’avait pas l’air menaçante comme ça mais il sentait qu’il ne valait mieux pas la sous-estimer ou la contredire. Rien que le fait qu’elle ait besoin d’un alibi lui mettait la puce à l’oreille. “Très bien, vous prendrez quoi ?” Il préférait aller dans son sens même s’il aurait préféré pouvoir continuer à lui tenir tête. “Et excusez-moi, ça m’avait échappé. Tout cet alcool me fait légèrement perdre la tête.” Il ne prenait même pas la peine de trouver des excuses un temps soit peu crédibles. Elle saurait qu’il mentait quoi qu’il arrive. “Très bien Irina, et depuis quand se connaît-on ? Il faut qu’on se mette d’accord et qu’on ait des récits similaires, si jamais quelqu’un nous pose la question.” Il ne voyait même pas pourquoi quelqu’un leur poserait la question. Tout ceci ne lui disait rien qui vaille mais il était trop tard pour s’échapper.

Irina n’avait pas l’impression de faire de très bon choix ce soir, même si elle ne l’avouerait pour rien au monde. D’abord, elle s’était faite surprendre à l’extérieur de la boîte et puis maintenant, elle semblait avoir jeté son dévolu sur le seul mec à ne pas offrir de verre aux filles. Peut-être était-il gay ? Elle ne savait pas, en tout cas, il n’avait clairement pas l’habitude de faire affaire à des filles. Comme elle se sentait d’humeur généreuse, elle lui expliqua qu’offrir des verres aux filles était justement un bon moyen de faire leur connaissance. Quand il aurait rencontré la femme de sa vie grâce à ses conseils, il la remercierait peut-être. En tout cas, il sembla arrêter de vouloir la contrarier et lui demanda même ce qu’elle voulait boire. “Un shot de vodka.” C’est ce qu’elle prenait le plus souvent. “Et bien, on se connaît depuis ce soir. Tu m’as offert un verre et tu as tellement apprécié ma présence qu’on est resté ensemble tout le temps depuis.” Elle savait par expérience qu’il fallait rester le plus près possible de la vérité. Là, elle décalait juste de quelques heures le moment de leur rencontre. “Tu vas te souvenir de ça où il faut que je répète à nouveau ?” le questionna-t-elle. On n’était jamais trop prudent. “Je peux même te dire que tu apprécies tellement ma compagnie qu’il y a de grandes chances qu’on quitte la boîte ensemble.” Plus de temps elle passerait avec lui, plus solide serait l’alibi. Et elle se moquait bien du fait qu’il soit d’accord ou pas. “C’est quoi ton nom déjà ?” C’est une information qui pouvait éventuellement lui être utile.

Nick avait finalement décidé de jouer le jeu que l’inconnue avait voulu le forcer à jouer. Il n’avait pas passé beaucoup de temps avec elle mais ça lui avait suffi pour comprendre qu’il ne s’en tirerait à bon compte que s’il faisait ce qu’elle lui demandait. Il allait donc faire la seule chose censée ici : faire ce qu’elle lui demandait. Ça n’avait pas l’air trop difficile, même s’il aurait préféré éviter de rester trop longtemps auprès d’elle. Elle ne lui disait vraiment rien qui vaille. Malheureusement, elle n’allait pas le laisser s’échapper aussi facilement. “Jusqu’ici tout va bien.” lui répondit-il lorsqu’elle lui demanda s’il allait se souvenir de ce qu’elle venait de lui dire. Il n’était pas un simple d’esprit, contrairement à ce qu’elle semblait pouvoir croire. Si ça ne lui plaisait pas elle n’avait qu’à se trouver un autre pantin, il laisserait sa place avec plaisir. Elle évoqua cependant l’idée de quitter l’endroit avec lui. Ils finiraient la soirée ensemble apparement et il n’avait même pas son mot à dire. “Je m’appelle Anthony.” Il avait décidé de lui parce qu’il ne voulait pas qu’elle en sache trop sur lui. Tout ceci, ce soir, c’était suffisant. “Dites moi Irina, qu’est ce qui pourrait vous convaincre de finir la soirée avec moi au juste ?” lui demanda-t-il avant de boire une gorgée de sa boisson. Il fallait qu’il rentre dans le personnage s’il devait se montrer convaincant.

Irina n’avait pas été certaine d’avoir fait un bon choix au début mais finalement, il semblait que le jeune homme ferait un bon alibi. Il n’avait pas cherché longtemps à vouloir se débarrasser d’elle et il avait l’air doté de capacité de compréhension normales. C’était assez rassurant pour lui. Et puis, tant qu’il allait dans son sens, il continuerait de bien se porter. Elle finit par lui demander quand même comment il s’appelait et il répondit que son nom était Anthony. Elle avait déjà vu assez de menteurs dans sa vie pour savoir voir quand on était effectivement en train de lui mentir, néanmoins, elle ne fit aucune remarque. S’il pensait qu’il serait plus tranquille comme ça, il se trompait. “Hum, ton charme hors du commun bien sûr.” répondit-elle d’un ton moqueur. En vrai, si elle avait été intéressée un tant soit peu, elle aurait pu reconnaître qu’il était plutôt pas mal. Mais ce n’était qu’un détail dont elle se souciait peu. “Ta conversation intéressante aussi et le fait que tu viennes de proposer de m’offrir un deuxième verre dans un endroit plus tranquille car j’en ai marre de la boîte.” C’était décidément un homme parfait. Ou pas.